Aout 2013 Raiatea, Tahaa, Bora Bora……NANA !!!! IAORANA Maupiti!!!

 


(Nous en publieront un autre de meilleure qualité lorsque nous aurons une connexion plus rapide)

Maupiti

« Nana » en Tahitien, ça veut dire « au revoir » (et « Iaorana » bonjour)! Nous voilà donc partis, nous écrivons ces lignes de Maupiti, et sommes donc encore en Polynésie Française, mais plus pour longtemps. Nous attendons une « fenêtre météo », en fait nous attendons que le vent fort de SE (appelé ici le « Maraamu ») se calme pour continuer notre longue route vers l’Ouest.
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Notre message concernant notre séjour de 3 ans à Raiatea viendra lorsque nous aurons pris plus de recul sur tout ce que nous avons vécu là-bas...
Notre escale à Maupiti est des plus agréable dans la mesure où notre mouillage est très bien abrité, nous y avons une bonne connexion internet grâce à « Hotspot » (MERCI A LUI !!), et, WOUAOUWW, qu’est-ce que c’est beau!!!!
Vous allez pouvoir en juger par vous-même grâce à quelques photos et vidéo que nous vous avons sélectionnées et préparées.



La particularité de Maupiti, mis à part sa beauté, c’est la réputation de sa passe, qui est exposée à la houle océanique de Sud, étroite et légèrement sinueuse. Lorsque la houle dépasse 2 mètres, (c’est-à-dire presque tout le temps), il se produit dans les lagons le phénomène appelé « ensachage », c’est-à-dire que l’océan pénètre en grande quantité dans le lagon par-dessus les récifs affleurants. Alors, à la manière d’une baignoire, le lagon va donc se vider par les passes qu’il possède. A Maupiti, comme il n’y a qu’une seule passe et qu’elle est étroite, le courant est fort et donc presque toujours sortant, il peut atteindre 9 Nœuds dans les pires cas, ce qui est énorme quand on sait qu’un voilier comme le nôtre pourtant sur-motorisé avec son moteur de 50CV (30CV d’origine sur les Gin-Fizz), ne dépasse pas 6,5 ou 7 Nœuds à fond au moteur. 




De plus, le courant sortant provoque des remous et des vagues de « Mascaret » qui, de par l’orientation de la passe, viennent directement se heurter à la houle océanique qui arrive dans le sens inverse. Si l’on ajoute un fort vent de Sud-Est par-dessus (sa direction normale en Polynésie), et des fonds marin qui remontent brutalement à moins de 10 mètres comme c’est le cas ici, on a alors tous les ingrédients pour générer des vagues déferlantes capables de coucher un voilier, et donc de le faire dévier de sa route en l’emmenant directement sur le récif ou il pourrait être rapidement broyé en petits morceau par les déferlantes suivantes et le corail acéré.
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Conclusion, pour aller à Maupiti, et pour quitter Maupiti, qu’est-ce qu’on fait ?????? --> On prend l’avion, le petit ferry (le puissant « Maupiti Express »), ou bien si on souhaite vraiment venir avec son voilier, on ne tente de passer que quand il fait moins de 2m de houle, et que le vent est en dessous de 15 Nœuds. Donc prendre la météo 50 fois et arriver tôt le matin quand c’est le plus calme. Il faut absolument se donner le temps d’attendre, comme nous sommes en train de le faire, pour repartir, afin de ne pas prendre de risque! Ceci explique pourquoi il s’agit d’une île peu fréquentée, tout le monde n’a pas le loisir d’attendre que la météo soit au beau fixe pour organiser ses vacances! Mais si on a le temps, alors là quel pied!


Nous quittons donc Bora Bora par grand beau temps, pour la dernière fois, et pour la première fois en direction de l’Ouest. Pat est serein concernant la passe de Maupiti car il l’a bien étudiée sous toutes les coutures, qu’il fait vraiment très beau, que la houle est d’1,60m seulement, et que le peu de vent qu’il y a vient du Nord pour une fois. A tel point qu’on se permet même de faire la route de jour en partant à 6 heures du matin de Bora Bora.
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Arrivés près de la passe, à environ 500 mètres sur tribord, une baleine fait un bon colossal et retombe dans une gerbe impressionnante, puis elle se met à battre l’eau à plusieurs reprises avec sa queue comme pour nous dire « SALUUUT », si bien que nous aurons même le temps de la prendre en photo!
L’entrée dans le lagon, vers midi, inquiète quelque peu Isa qui prendra quand même son courage à deux mains pour photographier et filmer ce passage et, malgré le courant et les remous entre les vagues qui déferlent des 2 côtés, Fidji remonte tout doucement ce flux d’environ 2 Nœuds ce jour là, et pénètre sans problème dans le lagon de Maupiti.

C’est beau!!!!

Les couleurs sont exceptionnelles, et nous sommes ravis!


Le mouillage est très bien abrité, et il y a « Hotspot », super. 

Nous allons faire la connaissance, à travers un couple rencontré à l’aéroport (Delphine et JB) de Firmin, un des 1200 habitants de Maupiti.
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Firmin nous prête des vélos, nous faisons le tour de l’île en quelques heures, déjeunons chez Mimi, rencontrons Claude, la femme de Georges, que nous avons connu grâce à l’émission de radio dans laquelle nous intervenons de temps en temps « allo la planète ».
Puis nous allons faire la connaissance de la famille de Mihi, notre copine de Tahaa-Raiatea, qui leur a demandé de s’occuper de nous. Heiata nous fait découvrir son village et son motu, sur lequel toute la famille est installée. Leur vie est simple, tournée vers la religion « adventiste réformé », branche du christianisme.

Nous avons partagé un délicieux repas ensemble sur la plage, merci à eux!
L’ascension vers le sommet de l’île nous parait indispensable étant donné la beauté des lieux. Renseignements pris auprès des locaux, nous nous engageons, (ainsi qu’une trentaine d’autres touristes croisés par hasard ce jour-là), dans une grimpette de 372 mètres. Ce que l’on ne nous a pas dit, c’est que les locaux ne montent jamais là-haut, qu’il n’y a pas de vrai sentier, que c’est très physique, et que par moment cette ascension se transforme en escalade assez dangereuse, surtout pour la descente qui se fera plus ou moins sur les fesses avec une trouille bleu de glisser et de se casser quelque chose! Nous n’avons pas du tout envie de nous tordre la cheville, nous déboiter une épaule ou nous défoncer un genou sur cette montagne! Si bien que, au moins la moitié des gens que nous avons croisé ce jour là, dont Isa, vont malheureusement abandonner avant d’arriver au sommet. 


Comme souvent en Polynésie, nous sommes déçus par le manque d’aménagements prévus pour les touristes, qui constituent pourtant une ressource vitale pour le Pays. Pourquoi les dizaines de pensions de familles de Maupiti (il y en aurait au moins 30!) qui accueillent des touristes, ne sont pas en mesure de nettoyer et entretenir un chemin qui mène au principal point d’intérêt, le sommet de leur ile! Pourquoi, dans ce pays, aucune personne en charge ne prend la mesure de l’importance de sentiers pédestres aménagés non seulement pour les touristes mais pour eux aussi?

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C’est tellement beau vu d’en haut!!!
Nous savons bien qu’en Polynésie tout ce qui concerne le foncier est très compliqué, mais ils ont, sur toutes les îles, bien réussi à faire une route de ceinture (qui traverse donc beaucoup de terrains privés), et cette route de ceinture est communément considérée comme publique, donc, pourquoi ne pas organiser aussi des sentiers pédestres publiques???

Ce manque de clairvoyance se note aussi sur la route de ceinture: il est incompréhensible, en particulier sur une perle incroyablement belle comme Maupiti (mais c’est pareil à Bora) de passer sur la route si près (au bord) d’une immense décharge à ciel ouvert, dont les restes volent allègrement alentours, dans le lagon et sur la route, plastiques, plastiques, plastiques…des sacs poubelles dans les arbres, des bouteilles et des déchets un peu partout dans les fossés, etc…C’est dégueulasse il n’y a pas d’autres mots. Espérons que ça s’améliore avec le nouveau projet de déchetterie en cours à Maupiti.


La pauvreté de beaucoup de constructions est aussi frappante, les maisons construites de travers, constituées de poutres plus ou moins droites et termitées, de bâches plastiques trouées et de tôles rouillées, contrastent avec les églises toutes neuves et rutilantes. Les magnifiques 4x4 tous neufs croisent des vieilles bagnoles (parfois même des années 60-70!) qui roulent encore on ne sait comment. On voit aussi les tous beaux écrans plats énormes (avec la console de jeu dernier cri) dans des maisons prêtes à s’écrouler. Sur les motus sont creusés des trous qui se remplissent progressivement de vieux déchets (plastiques à plus de 90%). Quand aux toilettes, que ce soit sur les motus ou sur l’île, on en a vu sans porte avec une planche trouée en guise de cuvette, au dessus d’un simple trou dans le sol qui lui aussi se remplit, puis se vide dans le lagon quand ça inonde. Il y a aussi les carcasses de bagnoles abandonnées depuis des lustres, les chiens faméliques et couverts d’eczéma comme un peu partout en Polynésie etc… 
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Nous sommes aussi frappés par la consommation continue de cochonneries, nous avons croisé nombre de personnes obèses, et beaucoup de gens grignotent ou boivent des choses très américaines et colorées dont on retrouve les emballages un peu partout…
Il faut savoir que les sodas en Polynésie ont le droit d’être plus sucrés qu’en France (!!!), et que le tabac local « bison », est tellement nocif qu’il serait également interdit en France (c’est pour dire…).

Nous avons appris qu’il n’y avait pas besoin de permis de conduire à Maupiti (nous avons d’ailleurs vu de très jeunes gens au volant) et chose amusante, à la mairie il est inscrit que le permis sera retiré en cas de contrôle positif à l’alcool. Autant ne pas l’avoir donc!

C’est d’ailleurs dingue de voir toutes ces voitures qui ne passeront que rarement la 3ème vitesse, et en tout cas jamais la 4ème, tout ça pour tourner en rond sur une route de ceinture unique, sinueuse et parfois assez cabossée de 8 ou 9 km, sur laquelle se croisent vélos normaux, électriques ou équipés de petits moteurs essence, piétons, scooters (souvent à fond et sans casque), poules et coqs (de combat, il paraît qu’un bon coq de combat peut rapporter pas mal, car les gens parient sur le meilleur), camion bennes, pelleteuses, et voitures des années 60 et 2013….


Nous ne pouvons pas faire de généralité, mais chez les gens que nous avons rencontrés, le poids des croyances, fondées à la fois sur le christianisme et sur les légendes et coutumes locales, fait qu’il est difficile de s’y retrouver. Par exemple, quand il y a de la chaire sur la table (poisson ou viande) on ne doit pas faire la prière, on n’a pas le droit de divorcer, les femmes n’ont pas le droit de mettre de pantalon, il faut être végétarien, pas le droit de faire de politique, etc…

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Mais la chanson préférée de Heiata, c’est « chevalier de la table ronde ». En fait chacun fait un peu ce qu’il veut de toutes façons (sauf les enfants qui doivent obéir), surtout quand il s’agit de fumer et boire de l’alcool, quelques transgressions de ce genre sont très tolérées, hahaha…

Une coutume locale nous semble incompréhensible dans de nombreux cas. Il s’agit de l’enfant fa’a’mu. En fait, il est de coutume de DONNER définitivement son premier enfant (attention c’est bien « donner » et non « prêter » à ses parents ou beaux-parents). Pour les jeunes mamans et papas c’est souvent un crève-cœur, mais même si certaines sont assez fortes pour refuser de donner leur enfant, c’est tout de même une coutume très répandue en Polynésie.
Nous pouvons comprendre qu’une famille vivant sur une même île puisse s’entraider en terme de garde des enfants, (cette coutume date d’une époque où les familles vivaient ensemble), mais là, souvent, les enfants fa’a’mu sont déracinés et envoyés loin, parfois même à l’étranger, et ne revoient pour ainsi dire presque jamais leurs vrais parents.


Certains se gardent de porter un ju
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gement sur cette coutume, prétextant le respect, mais, voilà, nous trouvons cette coutume cruelle et d’un autre âge. Nous avons bien le droit de penser ce qu’on veut après tout.

La gentillesse des gens n’est cependant pas une légende, elle est sincère, et nous aurions vite quelques très bons amis si nous restions plus longtemps. Mais nous nous ferions un devoir d’expliquer à certains jusqu’aux plus importantes notions élémentaires d’hygiène, de santé et de vie en communauté. Cette volonté que nous aurions forcément d’essayer d’améliorer la vie locale, entrerait directement en conflit avec ceux qui aiment l’immobilisme, et se cachent derrière leurs croyances pour rejeter la politique et le changement. Ce qui ne les empêche pas d’investir à crédit dans des 4x4 inutiles, d’accepter la télé débile asservissante et les jeux vidéo bien occidentaux, les vieux hommes politiques corrompus et menteurs, les journaux chiffons, et les cochonneries alimentaires qui sont pourtant un vrai fléaux…(--> 70% de la population est en surpoids et 40% obèse d’après une étude entendue à la radio à gros problèmes de diabète, articulaires, cardiaques, etc…).

Et puis nous n’avons pas vraiment envie de nous mettre en avant ni de nous sentir supérieur, même si force est de constater qu’ici notre savoir et notre culture est immense en tant qu’occidental instruit. Une des raisons de notre envie de quitter ce pays est que notre soif d’apprendre et d’avancer est intacte, et que, malheureusement la Polynésie souffre d’un fort déficit de compétences et d’une grave « fuite des cerveaux ».

La fainéantise (le « fiu » prononcé « fiou »), n’est en vérité pas plus marqué que chez nous, il y a beaucoup de volontés, et des travailleurs infatigables chez les polynésiens, alors, ce fiu est une fausse accusation qui court!
C’est plutôt la naïveté, la timidité (« ça fait honte »), la peur (entre autre de ne pas parler correctement le français), le manque d’information, d’éducation (l’enseignement à la française est assez incongru et inadapté pour des polynésiens) et de culture, le manque de perspectives d’avenir, de médias INDEPENDANTS, ce sont tous ces éléments qui asservissent et pénalisent toute une société!

Pourtant, les gens nous écoutent quand, par exemple, on leur explique qu’ils pourraient régler un gros problème de pollution aux plastiques en créant un vaste système de consigne pour les boissons, où quand nous leur expliquons qu’il y aurait du business à créer en proposant des services concrets aux yachts de passage…
Nous aurions une foule de choses à leur apprendre et à leur expliquer sur notre vie occidentale, mais c’est le plus souvent nous qui posons les questions, allons vers eux, et apprenons d’eux, car on sent parfois que « ça fait honte » de communiquer et trainer avec nous les « popaa » (=« peau cramée »)!

Sur ces belles paroles, nous vous laissons méditer. La Polynésie est un pays envoûtant où il fait bon enrichir ses sens. Paysages, parfums, saveurs, musiques, danses, et peuple polynésien....ce bouquet génère des émotions pures et puissantes! C'est vraiment difficile de quitter tout ça.

Nous repartons, toujours vers l’Ouest, demain, mercredi 14 Août, vers 13 heures, pour arriver, 100 Miles plus loin, vers 6h ou 7h du matin à la passe de Mopelia. La météo est annoncée calme pour au moins 5 jours, ce qui est parfait.

Nous allons y apporter quelques colis, car il n’y a que 12 personnes qui vivent à Mopelia, loin de tout, et ils seront bien contents d’avoir des colis donnés par les gens de Maupiti!

Notre escale ici aura donc duré 10 jours, c’était très agréable, et si vous venez en Polynésie, surtout ne la ratez pas, elle est d’une beauté époustouflante!


Merci à Firmin, Mihi, Heiata et toute la famille!

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A bientôt!!!!!!


PS: Conseils de lecture:

- Maupiti, récit d'une discrète parente de Tahiti de Claude ENER,

les trois livres de Célestine HITIURA VAITE
- Frangipagnier,
- L'arbre à pain,
- Tiare,

et,
- Panne sèche, de Charles  NOORDHEFF & James Norman HALL

Ces livres sont drôles et émouvants, ils reflètent parfaitement la vie des polynésiens!