Septembre 2010 - Juin 2011 Les Iles sous le vent, 1er épisode


ISLV

Enfin, nous repostons un message sur notre cher blog! Voilà des mois que nous n’avons rien publié (mais, tout de même, avez vous noté la nouvelle page “liens”, pleine de rebondissements, ainsi que les films????)…
Ce qu’il faut en déduire de ce long silence, c’est que nous nous sommes mis au rythme polynésien, oui, nous nous sommes bien adaptés.


Et pourtant, malgré cette lenteur, nous avons l’impression que le temps passe de plus en plus vite! Nous sommes déjà mi Juin 2011! Et, malgré les quelques défauts et inconvénients, nous restons, comme tant d’autres avant nous, bel et bien sous le charme de la Polynésie Française, et nous nous y incrustons.
 
 
Depuis Moorea, l’ile que nous quittions lors de notre dernier message, début Septembre 2010, nous avons, en bref:
- découvert Huahine (prononcé ouahiné), Tahaa, Raiatea, et Bora Bora, ces iles magnifiques qu’on appelle les “iles sous le vent”! On ne se lasse pas de retourner les visiter, et même si c’est petit, même si nous y sommes allés plusieurs fois déjà, il nous reste encore pas mal de choses à y découvrir!  
- En décembre et janvier, Isa a passé 7 semaines en France pour y retrouver sa famille et faire connaissance avec la nouvelle venue, sa petite fille Mélina,
  - nous avons lancé la procédure de “Papeetisation” (dédouanement du voilier, grosse taxe douanière de “mise à la consommation”, obligatoire pour avoir le droit d’exercer la moindre activité professionnelle en Polynésie),
- nous avons donc repris, de temps en temps, notre activité professionnelle de capitaine - hôtesse, en emmenant nos clients, de nationalités variées, sur plusieurs catamarans de 15 à 20 mètres,
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- nous sommes retourné à Tahiti et Moorea, et avons passé 7 semaines dans la marina Taina, afin de faire quelques travaux d’amélioration du confort à bord, DSCF6238(ce qui ne nous a pas empêché de prendre du bon temps, de bien nous balader, et de retrouver nos amis Monique et Jean Pierre, le voilier Larès rencontré au Venezuela, etc.…),   
 
- Nous nous sommes déclarés comme travailleurs indépendants, et avons ouvert une toute nouvelle école de croisière, Mata’i Nautisme (te mata’i = le vent). allez voir les détails sur : www.mataiinautisme.com
 
 
- Et, nous avons fait de nombreuses et enrichissantes rencontres, de nos supers collègues Gilles et Henere, à nos compagnons de mouillage Olivier et Virginie…Nous ne pouvons les énumérer toDSCF5965us, bien sur… IMGP3342sauvageon
 
 
 
 
 
 
 
  Bref, bien des choses se sont passées!IMGP2057
Il a fallu bien faire murir ce que nous allions vous écrire, car le moins que l’on puisse dire, c’est que les iles sous le vent ne nous laissent pas indifférents. C’est pourtant si petit! Quand on pense que la capitale, Uturoa, ne compte que 4000 habitants, et est la plus grosse ville de toute la Polynésie après Papeete! Et quand on pense, que la surface terrienne de toutes les îles de Polynésie réunis (118 îles) ne dépasse pas la seule superficie de la Corse du Sud!!! On se dit, waouh….c’est petit…
Huahine (prononcé ouahiné donc), Tahaa, Raiatea, et Bora Bora, sont des îles hautes et très vertes, elles sont bien à l’abri dans un lagon, c’est à dire qu’elle sont encerclées par une barrière de corail, dans laquelle il y a quelques passages, appelés “passes”, par lesquels les navires peuvent pénétrer le lagon, et soudain, comme par magie, se retrouver dans des eaux aussi plates que celles d’un lac!
Le lagon est un poème à lui tout seul. Moana (l’océan) et toute sa vigueur se fracasse sur la barrière de corail qui affleure. Et c’est en s’enroulant dans de magnifiques vagues rugissantes comme des lions que Moana stoppe sa course. Alors, on entre dans le lagon, la houle disparait, et les couleurs, ainsi que la transparence de l’eau deviennent extraordinairement belles.
Le grondement des vagues reste toujours en fond sonore et quand le vent souffle on pourrait frémir, mais la barrière est là, et tout est doux à l’intérieur du lagon. Les fonds y varient, passant de 0 mètre au bord de la barrière à parfois une centaine en se rapprochant de l’île. On y trouve alors de magnifiques tombants sous marin, et les poissons y sont gros et nombreux. Les “cailles” du récif eux aussi abritent une variété impressionnante de poissons, petits et grands, et toujours plus colorés les uns que les autres, une barrière de corail est une véritable nurserie, une protection pour les petits poissons, l’endroit ou une faune impressionnante peut s’épanouir.
 Huahine2Sur le récif affleurant se forment par endroit des petits ilots, qu’on appelle ici un motu (prononcé: “motou”). Voir la photo.DSCF6046




Ils font parfois plusieurs centaines de mètres de longs, et on y trouve le plus souvent des cocotiers, des crabes de cocotiers, et parfois…….des hôtels…… Le plus souvent, les motus sont “privés”, et il y a alors 3 options: 1. le propriétaire est gentil et laisse ceux qui débarquent tranquille, 2. le propriétaire est méchant et chasse tous ceux qui s’approchent (parfois en utilisant ses chiens), 3. le propriétaire est occidentalisé et vous facture la visite (2 ou 3 Euros par exemple). On y trouve des panneaux “tabu” (prononcé “tabou”= privé) parfois tout les 20 mètres, et le motu est nommé par le nom de son propriétaire…
Il n’est pas légal de chasser quelqu’un d’une plage, puisqu’ici aussi la loi littorale est sensée s’appliquer. Mais allez donc expliquer ça à un propriétaire borné et ses chiens….
Bref, avec le temps, une fois qu’on sait où aller et où ne pas aller, on s’y fait, il faut bien.

….Pour les hommes aussi la barrière de corail est indispensable, ils y pèchent, s’y détendent en profitant des motus, y trouvent les coquillages indispensables à leur artisanat, y pratiquent la pirogue : (le “vaa”), et cette merveilleuse protection sert également à faire venir des touristes, et donc aussi des capitaux, qu’on a bien sur voulu attirer grâce à des allègements fiscaux conséquents (Songez, par exemple, que pour moins de 200000 habitants, la Polynésie dispose d’une bonne vingtaine d’aéroports et d’un nombre impressionnant d’hôtels, qui défiscalisent à fond, même si la clientèle n’est pas au rendez vous….).
 
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Lorsque nous quittons Moorea, le 02 Septembre 2010, pour nous rendre, en une nuit de navigation (environ 180 kilomètres), aux îles sous le vent, Pat est surexcité, depuis le temps qu’il observe ces îles dans les guides et autres magazines! Au petit jour, quand les reliefs commencent à apparaitre, il est carrément en extase. C’est à Huahine que nous nous arrêtons en premier, mais, non loin, on distingue très bien les silhouettes de Raiatea, Tahaa, et l’on voit, même si elle se trouve à près de 40 kilomètres, le sommet de Bora Bora apparaitre à l’Ouest, juste derrière Tahaa. 
Quelle sensation de pénétrer dans un aussi beau lagon, rêvé depuis les premières heures de l’adolescence! Et nous ne sommes pas déçus, une fois à l’intérieur, nous longeons celui-ci, et avons des collines verdoyantes magnifiques sur notre gauche, et une grande zone de sable blanc qui s’étend jusqu’à la barrière de corail sur notre droite.
A l’extrême sud de Huahine, nous arrivons dans une grande baie, la baie d’Avea, qui s’avèrera être, en fait, le mouillage où nous allons passer le plus de temps depuis cette première fois. C’est beau, c’est calme, on peut facilement débarquer, et pour ne rien gâcher, la connexion internet wifi est excellente!  
 
Huahine reste authentique, sereine et rebelle à la fois car on est de Huahine et de nulle part ailleurs.DSCF6059
 
Son relief est plus doux que celui de ses voisines, mais ses contours sont très spectaculaires. Elle se partage en deux îles : Huahine Nui au nord et Huahine Iti au sud, reliées par un pont de 50 mètres à peine, et encerclées par le même lagon. Dès que l’on s’écarte de la route côtière, on se retrouve dans un décor de jungle mais sans les animaux… Juste les oiseaux, les insectes assez rares et quelques petits lézards. Ici, la ‘’brousse’’ côtoie de petits espaces cultivés; les villages, ou plutôt les hameaux, sont répartis tout autour de l’île mais bien séparés les uns des autres si bien que où que l’on se trouve il y a toujours une petite épicerie facile d’accès. Là encore nous serons bluffés par le cratère (où plutôt ses restes), les falaises, et toute cette végétation. Sur les motus, sont essentiellement cultivés les melons et les pastèques : délicieux! La capitale est Fare (prononcé “faré”), 650 habitants!
 
Cette île a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la Polynésie et on y trouve au nord les vestiges archéologiques de Maeva, parmi les plus importants de Polynésie française. A pied, à cheval, en vélo ou même en scooter l’île va nous envouter!

Mais nous allons à nouveau, comme à Moorea (et comme dans les autres ISLV), être déçu par l’accaparement (et parfois la destruction progressive, comme sur la photo ci dessous), IMGP3347de presque toutes les plages (pourtant publiques de par la loi), par des hôtels, pensions, ou par des particuliers. Il n’existe presque aucun sentier balisé pour se balader, et de la route, il est très difficile voir impossible d’accéder à la mer.
Les riverains et les responsables locaux n’ont pas prévu que certains touristes aimeraient sortir des activités hôtelières classiques (plongée, kayak, bronzette, restaurants, etc.…) et aller randonner par leur propre moyen. Quand on se balade ailleurs que sur la route goudronnée (sans trottoir ni piste cyclable d’ailleurs), on en est réduit à espérer que, si l’on croise le propriétaire des lieux (car il y en a toujours un), il soit sympathique (ce qui est le cas en général). Mais les barrières, panneaux, et autres fils de fer barbelés rouillés gâchent souvent les bords de route et les bords de plage, et les randonnées possibles se compte sur les doigts d’une main, alors que le potentiel est énorme, il suffirait de défricher un peu, d’ouvrir les barrières et de baliser les sentiers! On sent bien que tout le tourisme est orienté vers les joies du lagon et vers les touristes fortunés qui ne sortent jamais sans un guide professionnel, et du coup, de notre point de vue, il manque quelque chose de très important, la base même du tourisme: le tourisme ouvert à tous et pas cher!!
De plus, la faible proportion d’êtres humains par rapport à toute cette nature terrestre et maritime impressionnante donne un non respect anarchique de l’environnement. On construit des maisons en avançant sur la mer, détruisant les plages et les récifs à la pelleteuse, les déchets s’entassent sans discernement, le plastique est roi, les eaux usées (avec pesticides et autres produits chimiques) se déversent dans les lagons et les seules zones récifales encore vraiment vivantes et propres sont les zones inhabitées (et heureusement, il y en a encore beaucoup)…
Certains continuent même à pêcher la tortue en voie de disparition, comme l’ancien président de la Polynésie Gaston Tong Sang, qui revendique une “pêche traditionnelle ancestrale” sans réfléchir plus loin à la disparation prochaine de l’animal…(“en voie d’extinction critique” pour certaines espèces!!)
A Tahiti, on a récemment découvert du chloredécone (pesticide) dans les coraux du lagon (à l’endroit même où l’on y pêche), nous avons vu, en pleine forêt, des centaines de litres d’huiles de vidange s’infiltrer dans la terre et notre bateau entouré de déchets plastiques et de nappes d’hydrocarbures au mouillage de la marina Taina (Punaauia)…
 
Quand on pense que ces catastrophes sont arrivées en à peine 30 ou 40 ans, que la plupart des particuliers et des responsables politiques ferment volontairement les yeux en refusant de reconnaitre l’extrême nuisance de cet état de fait, on se demande vraiment où nous allons. D’autant plus qu’en observant la jeunesse locale, on a vraiment de quoi s’interroger sur la mondialisation. Fini le Ukulele, on les croise dans la rue avec des styles tout à fait occidentaux (le short qui descend sous les fesses et le caleçon de marque qui dépasse, la casquette de base-ball US sur le coté, le poste de radio à pile dans la main qui crache une musique sortie tout droit de la télé et des maisons de disques les plus commerciales, le soda américain, la cigarette, le maquillage, la totale!!!!!!!!
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Certains se battent avec ferveur, et ça se voit, pour protéger leur FENUA (prononcé “fénoua” = terre, pays, patrie) de l’envahissement occidental complètement inadapté à la vie locale, mais c’est dur! Tout le monde veut aujourd’hui son moteur puissant sur sa barque, son 4*4 américain rutilant, son écran plasma énorme, sa maison avec vue, plage privée et climatisation….
Nous observons cette société en mutation hésitante, qui prend exemple sur l’occident sans vraiment le vouloir….
Mais, dans une immense majorité, nous constatons avec plaisir que les habitants de ces îles grandioses gardent en eux beaucoup de simplicité dans l’accueil, un sourire ne reste pas sans réponse, et, si l’on souhaite s’intégrer dans la vie polynésienne, on sera toujours extrêmement bien reçu! (comme ce fut le cas lors de l’inoubliable fête du 1er Janvier (voir le film 1er janvier à Tahaa)).
On se sent tout de même très à l’écart des graves problèmes et préoccupations mondiales actuelles ici, et c’est un privilège non négligeable!
A bientôt pour le 2ème épisode de cette longue escale polynésienne!